PAR ALice Grinand. collaboration spéciale.
Le 4 novembre, la Nouvelle-Calédonie était appelée aux urnes pour un référendum d’autodétermination. Le camp indépendantiste a perdu, puisque la population s’est prononcée, à 56,4 %, contre le projet d’indépendance. La France peut ainsi maintenir son giron stratégique dans cette région du Pacifique.
L’île a été annexée par la France en 1853. Celle-ci y a envoyé entre 1864 et 1897, 22 000 bagnards, pour désengorger ses propres prisons et implanter sa nouvelle colonie. Depuis, les eaux ont coulé sous les ponts et la Nouvelle-Calédonie n’est plus considérée comme une colonie française, mais plutôt comme un territoire d’outre-mer (TOM) avec un statut particulier.
Les Accords de Matignon, en 1988, qui ont mis fin à presque une décennie de tensions entre partisans (les loyalistes) et opposants à l’indépendance, marqueront le début d’autonomisation de l’île et ont ouvert la porte au processus d’autodétermination. Devenue territoire d’outre-mer, elle a acquis un statut particulier, celui de « collectivité d’outre-mer sui generis ». Poursuivant dans cette lignée, l’accord de Nouméa est venu renforcer l’autonomisation de l’île et a permis la tenue du référendum.
À plus de 16 000 km de là, Emmanuel Macron, le président français, n’a pas caché sa joie à la suite de l’annonce des résultats. La Nouvelle-Calédonie constitue en effet un enjeu stratégique pour Paris, qui lui verse quelque 1,3 milliard d’euros de subventions par an.
Légende : La mine des Japonais, en Nouvelle-Calédonie. Le nickel, métal de plus en plus incontournable, représente 90 % des exportations du territoire d’outre-mer français, et donc un enjeu stratégique pour Paris.
Crédit : Fourrure – Flickr.com
L’île accueille entre autres la plus grande base militaire française dans le Pacifique. Elle assure à la métropole française une présence dans cette région du monde qui semble voir se redessiner de nouveaux rapports de force entre les puissances présentes dans la région, notamment la Chine et les États-Unis.
En outre, la Nouvelle-Calédonie recèle de nombreuses ressources. Son atout majeur? Le nickel : le territoire insulaire dispose d’environ 25 % des ressources mondiales en nickel, et permet ainsi à la France d’être le cinquième producteur mondial de cette ressource. Le métal représente un poids économique majeur de la Nouvelle-Calédonie : un emploi sur 5 et 90 % des exportations. Ce métal est par exemple essentiel à la fabrication d’acier inoxydable et est très utilisé dans l’électronique. Le nickel, dont la Chine notamment est particulièrement friande, est donc un enjeu stratégique.
La France cherche à conserver son contrôle sur ses territoires d’outre-mer. Comme l’indique le Livre blanc sur la Défense nationale de 2013, « dans un contexte de tension sur l’accès aux ressources, la France doit être en mesure de marquer sa souveraineté et de défendre ses intérêts dans les outremers ».
Grâce à ses territoires d’outre-mer, la France dispose d’une zone économique exclusive (ZEE) de plus de 11 millions de km2, soit la deuxième plus grande après les États-Unis. Ces ZEE sont généralement riches en ressources halieutiques, minérales et énergétiques.
Si les résultats du référendum néo-calédonien donnent vainqueur les opposant-e-s à l’indépendance, ses partisan-e-s peuvent rester optimistes. Les résultats obtenus ne reflètent pas la débâcle annoncée, et l’accord de Nouméa prévoit la possibilité d’organiser un nouveau référendum dans les deux ans. En attendant, la Nouvelle-Calédonie figure toujours sur la liste des territoires à décoloniser de l’ONU, aux côtés d’autres territoires d’outre-mer français.